Considérations sur la campagne de 1815
Du côté de Grouchy
Au matin du 18, comme déjà vu, Grouchy ignore la position de Wellington. Comme aucun bruit de bataille ne lui est parvenu, il doit donc en déduire que le duc est en retraite devant Napoléon (ce qu'il écrit dans l'un de ses messages).
Dans quelle direction ? Il y en a à priori deux de possible : vers la côte pour se ré-embarquer, ou vers Bruxelles pour combattre plus tard. Étant donné qu'il écrit aussi avoir reçu des informations indiquant que les officiers prussiens affirmaient vouloir rejoindre Wellington pour combattre, c'est l'option la plus vraisemblable.
Il n'y a aucune raison pour que Grouchy, sur ses cartes, ait plus que Napoléon identifié Mont Saint-Jean comme un champ de bataille prédestiné. Il est donc logique qu'il pense, comme l'Empereur, que c'est derrière Bruxelles qu'aura lieu la prochaine rencontre.
Cela l'amène donc logiquement à conclure que Bruxelles est aussi la destination des prussiens et que les attaquer à Wavre est le moyen de les en empêcher.
Contrôler la rive gauche de la Dyle n'a pas de sens dans ce cadre : d'une part la route de Lasne amènerait simplement les prussiens à tomber sur l'armée de Napoléon dans un cadre défavorable. D'autre part (si l'on s'en tient à l'ordre de Bertrand1) il ne doit pas séparer ses troupes. Or la Dyle en crue suite à l'orage ne permet pas une communication facile entre des troupes réparties sur les deux rives.
J'ai lu des commentaires expliquant que la Dyle est facile à franchir en tout endroit. Ces commentateurs ne tiennent visiblement pas compte de la situation le 18 juin 1815 : ni les français, ni les prussiens n'ont nulle part traversé la rivière autrement qu'en utilisant les ponts.
1Il faut toutefois noter que Michel Damiens, « La-foudre-enrayee-ou-le-plan-oublie-le-17-juin-1815 », pages 122 à 150 (!) considère l'ordre de Bertrand comme un faux.