Considérations sur la campagne de 1815
Plancenoit et la fin de la bataille
Nous l'avons vu, lorsque les prussiens débouchent du bois de Paris, les troupes de Lobau ne sont pas en position de les empêcher de se déployer. Elles parviennent toutefois à interdire à Bülow l'accès au champ de bataille (mais pas à celles de Zieten, même si elles ont failli les attirer dans ces combats).
Bülow allonge donc sa ligne en direction de Plancenoit pour contourner le dispositif français par l'arrière. Identifiant le danger, Napoléon est contraint d'envoyer une partie de sa réserve (la jeune garde et des éléments de la vieille garde) pour stabiliser la situation, ce qu'il parvient à faire jusque vers 20h00.
Il lance alors la garde dans la bataille, ce qui est probablement en partie un coup de poker : il faut maintenant briser la ligne de Wellington et mettre l'armée anglo-néerlandaise en déroute (ce qui amènerait peut-être un arrêt des prussiens).
Pour donner du courage à ses troupes fatiguées, il fait répandre1 (par La Bédoyères) le bruit que les troupes sur l'extrême droite de la bataille sont celles de Grouchy.
Mais la garde va faire connaissance avec la puissance de feu des troupes anglaises (cette fois vraiment anglaises) et Chassé, en réserve sur la droite du dispositif de Wellington, aura la présence d'esprit de sentir le fléchissement du centre de la ligne et de lancer ses troupes fraîches contre les français.
On se bat depuis plus de huit heures, tous les combattants sont épuisés. Si la garde avait percé, la victoire aurait peut-être été à Napoléon. Malheureusement pour lui, « la garde recule », événement inédit, joint à la réalisation que les hommes « de Grouchy » sont en réalité les prussiens, vont déclencher le reflux des troupes françaises, que plus rien ne pourra arrêter.
Le sort d'une bataille dépend souvent d'un élément déclencheur de ce type.
1Paul L. Dawson. , Napoleon and Grouchy, page 311 et suivantes. Napoléon ment aussi à ses troupes.