Considérations sur la campagne de 1815


Sur la droite


Selon Napoléon, le déplacement des troupes de Lobau sur la droite du dispositif est une réponse à la menace prussienne1 (les troupes prétendument vues sur les hauteurs de Saint-Lambert à 13h002). Ce n'est pas la version de Combes-Brassard qui dit que ce déplacement a eu lieu pour soutenir l'attaque de la droite3.

Michel Damiens analyse les mouvements de ce corps au travers de divers témoignages et arrive à la conclusion que c'est pour défendre la grande batterie que Lobau à été déplacé sur la droite4.

Quoi qu'il en soit, où les troupes de Lobau sont-elles déployées dans l'après-midi du 18 ? Dans la plaine qui s'étend entre Plancenoit et Fichermont, quasiment directement sous les yeux de l'Empereur qui est à Rossomme.

Si Lobau est supposé bloquer l'arrivée de prussiens sur le champ de bataille, pourquoi ne positionne-t-il pas ses hommes dans le bois de Paris ou au delà5? C'est l'endroit idéal pour bloquer la sortie des troupes ennemies de l’étroit chemin qui vient de Lasne.

Il est totalement invraisemblable que Lobau – qui par ailleurs va démontrer ses qualités en bloquant complètement Bülow et sera indirectement responsable de la tuerie de Plancenoit – n'ait pas pensé de la même manière.

L'eût-il fait que Napoléon, sous les yeux duquel se trouvaient ces troupes, n'aurait eu qu'à envoyer un cavalier au pied de la colline pour donner l'ordre adéquat6.

Or le témoignage de Marbot est éloquent : il n'y avait dans le bois de Paris que des troupes légères de cavalerie. Marbot écrit à sa femme qu'on les a « fait manœuvrer comme des citrouilles » et que les troupes présentes étaient parfaitement inadaptées à la situation.

Que conclure de tout ceci sauf que :

• Soit Napoléon savait que des prussiens approchaient mais il en a totalement sous-estimé le nombre et ne s'est pas montré capable de disposer correctement des troupes efficaces dont il disposait.

• Soit Napoléon n'a jamais vu les « prussiens sur les hauteurs de Saint-Lambert » et n'a en conséquence rien prévu pour les recevoir, les troupes de Lobau étant là pour « enrouler » la gauche de Wellington une fois Papelotte tombée et ayant été redéployées en hâte pour faire face à la menace prussienne, ce qu'elles firent vaillamment malgré le fait que leur position était plutôt désavantageuse dans la situation.

Personnellement, je pense qu'admettre que Napoléon n'a pas perçu le danger prussien7 est moins dommageable à sa réputation que de le soupçonner d'avoir fait manœuvrer ses troupes comme des citrouilles8


1Selon Napoléon, « Mémoires pour servir à l'histoire de la France en 1815 », il aurait dû se positionner vers Lasne. Bremm (« Die Schlacht Waterloo 1815 », page 135), le voit envoyé à Frischermont (probablement Fichermont). C'est bien là qu'il était, mais c'est mal placé pour arrêter les prussiens et, de fait, on ne les arrêtera pas.
2Voir 11h00, si l'on en croit Napoléon dans les « Mémoires pour servir à l'histoire de la France en 1815 », page 83, ou même 09h00 selon le bulletin du 20 juin (B. Coppens, « Waterloo, les mensonges », page 249-250
3Bernard Coppens: https://www.1789-1815.com/combes-brassard.htm
4Michel Damiens, « La bataille de Plancenoit », page 76-
5Coppens, « Waterloo, les mensonges », page 254-
6Lire Bernard Coppens, Ibid., page 194 : Napoléon ne fait rien, parce qu'en réalité il n'est pas informé de la menace (…).
7Voir les mots attribués à Napoléons retransmis par le Général Müffling (qui les tenait d'un général français prisonnier) : « l'armée prussienne est complètement battue ; elle ne peut se rallier en trois jours ». « La jonction des prussiens avec les anglais est impossible avant deux jours » (réponse à Jérôme Bonaparte), Bernard Coppens, « Waterloo, les mensonges », page 129)-
8Dawson, « Napoleon and Grouchy », page 313-

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